L’Alliance et la Conquête (partie 1), par Emmanuel Rodriguez

Que dit la Bible au sujet de Eretz Israël ? Un grand nombre des conflits actuels dans le monde sont liés à la question des droits de propriété et d’occupation de la terre d’Israël. Nous nous sommes efforcés de résumer, brièvement mais avec équilibre, les bases bibliques sur le sujet du point de vue d’un juif messianique.

Les Patriarches

Quand D.ieu créa le monde, il donna la terre de notre planète à la race humaine (Psaume 115 : 16). Il plaça Adam dans le Jardin d’Eden et lui commanda de dominer sur la création physique (Genèse 1.26). Adam perdit la domination à cause du péché. La Bible décrit comment les enfants d’Adam sont rachetés du péché et qu’avec la rédemption, finalement, ils reprendront possession de la terre.

« Car les méchants seront retranchés, Et ceux qui espèrent en l’Eternel posséderont le pays. Les misérables possèdent le pays » (Psaume 37 : 9-11)

« Heureux les humbles de coeur, car ils hériteront la terre. » (Matthieu 5 : 5)

D.ieu fait avec Abraham une alliance qui déclenche le plan de la rédemption.

Ce plan comprend le salut personnel par le sacrifice du Messie et la création de la nation d’Israël et, la restauration de la planète terre. D.ieu dit à Abraham d’aller (a Lech L’cha) en un lieu spécial qu’Il lui indiquera (Genèse 12 : 1). Par cette alliance, D.ieu donne à Abraham la possession inconditionnelle de la terre de Canaan (Israël).

Dans le livre de la Genèse, D.ieu répète sept fois cette alliance à Abraham, Isaac et Jacob :

« Je donnerai ce pays à ta postérité. » (Genèse 12 : 7)

« Car tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta postérité pour toujours. » (Genèse 13 : 15)

« Je donne ce pays à ta postérité » (Genèse 15 : 18)

« Je te donnerai, et à tes descendants après toi, le pays que tu habites comme étranger, tout le pays de Canaan, en possession perpétuelle. » (Genèse 17 : 8)

« Séjourne dans ce pays-ci, car je donnerai toutes ces contrées à toi et à ta postérité. » (Genèse 26 : 3)

« La terre sur laquelle tu es couché, je la donnerai à toi et à ta postérité. » (Genèse 28 : 13)

« Je te donnerai le pays que j’ai donné à Abraham et à Isaac, et je donnerai ce pays à ta postérité après toi. » (Genèse 35 : 12)

La position biblique à ce sujet est claire et sans équivoque.

Que ce soit l’humanisme occidental qui nie l’alliance divine sur la terre sainte, ou le fondamentalisme islamique qui prétend qu’elle appartient aux disciples de Mahomet, tous deux s’opposent directement à la Parole de D.ieu.

La question du droit de propriété de la terre d’Israël est donc en quelque sorte devenue un test pour le monde moderne, à savoir s’il accepte ou non les valeurs bibliques.

Remarque : les organisations terroristes islamiques savent qu’Israël ne veut pas la guerre et ferait la paix s’il y avait un arrêt des attentas terroristes. Pourquoi ne s’arrêtent-elles pas ? Parce qu’elles croient que toute la terre de Palestine/Israël doit appartenir à l’Islam. Leurs croyances erronées sur ce sujet les ont amenées à penser que leurs attentats terroristes sont justifiés.

« Quand celui qui domine a égard aux paroles mensongères, tous ses serviteurs sont des méchants. (Proverbes 29 : 12-12)

Du point de vue biblique, ce ne sont pas les Israéliens qui occupent le territoire palestinien, mais c’est le monde musulman qui réclame la possession et l’occupation de la terre que D.ieu a donnée par une alliance divine au peuple d’Israël.

Les nations islamiques qui entourent Israël au Proche Orient sont au nombre de 22. Il n’y a qu’une seule nation pour Israël et les Juifs.

L’alliance qui donne le droit de propriété de la terre à Abraham et à ses fils par Isaac est absolue et irréversible. Elle constitue la première étape de la restauration à la race humaine de la possession de la planète qu’Adam avait perdue.

Bien que la terre soit donnée à Abraham par l’alliance, la possession de la terre n’est pas immédiate :

  1. Quand les bergers d’Abraham et ceux de Lot se querellent, Abraham dit à Lot qu’il peut choisir la partie du pays qu’il veut (Genèse 13 : 9).
  2. Isaac cède aux Philistins la possession des puits d’eau chaque fois qu’il y a querelle (Genèse 26 : 22).
  3. Jacob passe plus de 20 années en exil en Syrie après s’être disputé avec Esaü (Genèse 31 : 38).
  4. Joseph et 4 générations avec lui vivent en exil en Egypte jusqu’au temps de l’exode (Genèse 15 : 13).

Joseph

Joseph et 4 générations avec lui vivent en exil en Egypte jusqu’au temps de l’exode (Genèse 15 : 13).

Remarque : Jacob et Joseph demandent tous deux que leurs os soient ramenés au pays de Canaan pour y être enterrés. Cet acte prophétique révèle qu’ils ont foi en la promesse avec alliance que tout le pays sera restitué au peuple d’Israël au temps de la résurrection et du royaume messianique.

Moïse et Josué

Moïse fit sortir le peuple de l’Egypte et l’emmena dans le désert. Ils ne se rendirent pas directement au Pays Promis. Le retour et la restauration devaient se faire en plusieurs étapes. Moïse lui-même, qui pourtant avait une foi totale dans la possession de la terre selon l’Alliance, ne sera pas autorisé à y mettre le pied, Dieu le lui ayant refusé. Il est évident que Moïse aura part à la restauration finale telle qu’elle sera accomplie dans le royaume messianique (Matthieu 17 : 3).

Cependant, immédiatement après Moïse, c’est le temps de la grande conquête du pied sous la conduite de Josué ben Nun (fils de Nun). Nous trouvons ici que les promesses du Royaume de D.ieu coïncident enfin avec le calendrier prophétique divin. L’occupation de la terre va de pair avec la possession ; la conquête va de pair avec l’alliance.

L’un des facteurs qui créent la différence dans ce cas, c’est que Josué se soumet à l’Ange de l’Eternel, le Commandant des Armées du Ciel. Ce Divin Messager est le Messie, Yeshoua (Jésus) sous sa forme pré-incarnée.

Remarque : en hébreu, Josué et Jésus sont le même nom. Dans l’original, c’est Yehoshua et Yeshua.

« Comme Josué était près de Jéricho, il leva les yeux, et regarda. Voici, un homme se tenait debout devant lui, son épée nue dans la main. Il alla vers lui, et lui dit : Es-tu des nôtres ou de nos ennemis ? Il répondit : Non, mais je suis le chef de l’armée de l’Eternel, j’arrive maintenant. Josué tomba le visage contre terre et adora. » (Josué 5 : 13-14)

Remarquez que la réponse de l’ange YHVH n’est pas partisane : « Non ».

La question n’est pas de savoir si D.ieu est de notre côté, mais plutôt si nous sommes de son côté.

Après que Josué a déclaré sa soumission, l’ange YHVH conduit les armées d’Israël dans une campagne militaire qui réduit à néant les Cananéens impies et leur enlève leur terre. (Selon nos connaissances actuelles, il ne reste aucun descendant des six tribus cananéennes d’origine.)

La soumission du chef du gouvernement et de l’armée d’Israël à ce Messager Divin est d’une grande signification dans notre recherche pour comprendre le plan de D.ieu en vue de la possession ultime de la terre. La conquête totale est liée au Royaume messianique qui est lui-même lié au Roi messianique.

C’est ce même Ange de l’Eternel que Dieu, par Moïse, promet aux enfants d’Israël pour les conduire à la conquête de la terre de Canaan (Exode 23.23). C’est par Lui qu’Israël possédera le pays et y demeurera. C’est ce même Ange qui les conduira à la conquête étape par étape, petit à petit (Exode 23.30). Quand nous réalisons que l’ange de YHVH est une figure du Messie pré-incarné, nous comprenons que la prédication de l’évangile et la restitution du royaume à Israël sont liées.

Remarque : connecter l’ange de YHVH avec le Messie pré-incarné pose aussi un certain problème théologique, tant du côté juif que du côté chrétien. D’une part, la soumission à cette personnification du Christ divin est nécessaire avant la conquête totale de la terre. D’autre part, nous voyons cette personnification de Yeshoua conduire la conquête en tant que chef militaire pour le peuple d’Israël.

Du point de vue messianique, Yeshoua et la personnification de l’Ange de YHVH de l’Ancienne Alliance (Ancien Testament) sont « le même hier, aujourd’hui et pour toujours » (Hébreux 13 : 8), et « le premier et le dernier » (Apocalypse 1 : 11).

Les Juges

Tout au long du Livre des Juges, le juge choisi par D.ieu devait aussi obéir à cet ange de YHVH avant la conquête et l’expansion du territoire :

  • Otniel (Juges 2 : 1, 3 : 9),
  • Gédéon (Juges 6 : 11),
  • Les parents de Samson (Juges 13 : 3).

Quand le chef et le peuple se soumettaient au Messager divin, ils arrivaient à conquérir plus de terre. Quand le peuple se détournait et péchait, D.ieu réduisait le territoire occupé au travers de défaites militaires. Cependant, l’augmentation ou la diminution de l’occupation du territoire ne changeait pas le droit de possession de la terre par l’alliance. Le droit de possession est absolu ; le droit d’occupation est relatif.

C’est D.ieu Lui-même qui prenait la responsabilité de réduire le degré de conquête au travers des défaites militaires. Il y voyait la punition du péché.

Considérez par exemple la défaite des enfants d’Israël à Aï à cause du péché d’Achan (Josué 7 : 10 et suiv.). Dès que le péché a été traité, la conquête a repris.

D.ieu n’a jamais remis en question, ne serait-ce que partiellement, son mandat de l’alliance et de la conquête. D.ieu s’est souvent servi de peuples impies (même de païens adorateurs d’idoles ou de démons) comme ennemis d’Israël pour effectuer la réduction de la conquête. Cependant, le fait qu’il les utilise comme instruments de punition ne signifiait jamais qu’ils avaient l’approbation divine. En fin de compte, ils étaient même punis davantage pour avoir pris part à l’attaque d’Israël. Le droit de possession est inconditionnel ; le droit d’occupation est conditionnel.

Saül et David

Le cas de Saül et David présente une nouvelle facette : la dispute de deux chefs à l’intérieur d’Israël et la lutte entre leurs royaumes respectifs.

David est le vrai roi messianique à l’image de Yeshoua tandis que Saül s’avère être un mauvais roi, l’image d’un faux messie.

Saül rejette David par jalousie, ce qui le pousse parfois à un zèle excessif. Cependant, D.ieu ne bénit pas les tentatives que fait Saül pour l’expansion du territoire et il finira par être vaincu et tué par les Philistins.

Malgré les persécutions que lui fait subir Saül, David respecte la position d’autorité du roi dans le gouvernement. Quand il prendra le pouvoir, il continuera le mandat divin de la conquête et de l’expansion du territoire du royaume israélite.

Remarque : tout effort de conquête doit se faire dans la soumission à l’autorité du pouvoir légalement en place, sous le chef du gouvernement légalement nommé, et se réaliser au moment légalement reconnu. A Horma, les Israélites se révoltèrent une première fois contre Moïse en refusant de se battre contre les Amalécites quand il leur dit d’y aller, puis une deuxième fois en décidant de monter au combat quand Moïse leur dit de ne pas y aller (Nombres 14.40).

Ne pas reconnaître l’autorité qui a le droit de gouverner, ou rester en arrière, ou au contraire la devancer, ce sont des formes de rébellion latente. Le manque de soumission au gouvernement peut causer de graves problèmes quand il est question du droit de possession et d’occupation de la Terre Sainte. (Les mêmes principes spirituels s’appliquent bien sûr aussi à notre vie personnelle).

Après Josué, David est le deuxième exemple de conquête totale de la terre. Comme David est une image du Messie, sa conquête représente aussi l’espoir que l’accomplissement de toutes les promesses pour la terre se fera dans le Millenium qui vient ou l’âge messianique.

Le royaume de David et de Salomon est l’exemple du futur règne de Yeshoua sur la terre. A sa seconde venue, Yeshoua restaurera le royaume de David et bien plus encore.

Remarque : le mot racine (en hébreu K’na’ah, pour terre de Canaan) signifie soumission, s’humilier, céder. Le mot palestinien est une transcription moderne du mot biblique Philistin ou Pelishtim. Il y a un jeu de mots dans la racine hébraïque, Polesh, qui signifie envahir, attaquer, s’introduire dans le territoire de quelqu’un d’autre.

Le royaume divisé

La punition de D.ieu fut sévère sur Israël quand le royaume de David fut divisé en deux au temps de Roboam.

Dans les degrés de la punition divine, la division de la terre en deux représente une étape plus sévère que le rétrécissement des frontières suite aux défaites militaires et aux problèmes économiques.

Dans le cas de Roboam, D.ieu décréta la division du royaume à cause du gouvernement oppressif et de l’injustice sociale, et non à cause d’un manque de désir nationaliste de conquête.

La division de la terre fut décrétée par D.ieu (1 Rois 11 : 11) et confirmée par les prophéties de Ahiya de Silo à Jéroboam (1 Rois 11 : 31) et de Chemaeya à Roboam (1 Rois 12 : 22).

Contrairement aux attentes nationalistes, cette dernière prophétie déclara que la division de la terre en deux était de D.ieu : « C’est de moi que vient cet événement » (1 Rois 12 : 24).

Cette division était pire que les problèmes économiques et militaires, mais moins mauvaise que l’exil total. Plus tard, la division s’aggrava quand les Assyriens envahirent Israël. Le contrôle du royaume nord d’Israël passa alors complètement à une puissance étrangère.

Bien que D.ieu se serve de nations étrangères comme instrument pour punir Israël pour son péché, il punit ensuite ces nations parce qu’elles ont attaqué son pays et son peuple. Par exemple, D.ieu a utilisé l’Assyrie comme son bâton pour punir Israël (Esaïe 10.5-6), puis il a puni l’Assyrie (Esaïe 10.12). Ce serait une erreur de croire qu’une autre nation est bénie seulement parce que D.ieu s’en sert pour infliger une punition à Israël.

Pendant les royaumes de Juda et d’Israël, le déroulement demeure le même : quand le gouvernement obéit à D.ieu, davantage de terre est conquise ; et le contraire est vrai aussi. Prendre plus de terrain aux voisins est toujours considéré comme une bénédiction divine. Il arrive que les prophètes pressent vivement Israël de faire plus de conquête. C’est le cas du prophète Elisée qui s’irrite envers le roi d’Israël parce qu’il n’a frappé le sol de ses flèches que trois fois — symbole de trois attaques contre les Syriens — au lieu de cinq ou six fois :

« Il fallait frapper cinq ou six fois; alors tu aurais battu les Syriens jusqu’à leur extermination. » (2 Rois 13 : 19)

Par contre, quand Israël n’est pas droit devant D.ieu, l’Eternel ordonne que les frontières soient réduites comme dans le cas du règne de Jéhu :

« Dans ce temps-là, l’Eternel commença à entamer le territoire d’Israël; et Hazaël [roi de Syrie] les battit sur toute la frontière d’Israël. » (2 Rois 10 : 32)

Dans les combats entre Israël et une nation étrangère, parfois D.ieu permettait à la nation de punir Israël ; d’autres fois, il était en colère envers Israël de ne pas avoir attaqué la nation étrangère.

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