Sandrine A. : les racines juives de ma foi

« Je m’appelle Sandrine et je suis née avec un handicap moteur, qui m’a beaucoup fragilisée dans la vie.  

Mon grand-père est né à Constantine en Algérie, qu’il a quitté pour s’installer à Obernai en Alsace. Pendant la seconde guerre mondiale, il a été déporté de Drancy dans un camp d’internement. Après la guerre, il s’est installé à Amiens en Picardie et quitta ce monde en 2013. 

Mon père était juif, moitié séfarade moitié ashkénaze, et ma mère était catholique. Sa haine d’Israël et son antisémitisme ont été la cause de beaucoup de souffrances, ainsi que pour le reste de ma famille à l’exception de ma soeur.

C’est dans ce contexte et parcours que j’ai découvert et rencontré le Messie Yeshoua en 1991 à l’assemblée messianique de Paris, dirigée à l’époque par le Rav Paul Ghennassia et son épouse Anya. 

Le 10 mai 1992, j’ai décidé de faire ma Tévila dans le Miqvé  (immersion). 

J’ai été membre de cette assemblée de 1991 à 1994, mais ayant du mal à comprendre la vision, je me suis rattachée à une autre assemblée sur Paris. J’y ai servi le Seigneur de tout mon coeur auprès des enfants et de la jeunesse jusqu’en 2014.

Durant toutes ces années j’ai prié pour Israël, mais sans m’impliquer dans son combat, jusqu’au moment où lors d’un rassemblement de rabbins au lac de Créteil, j’ai été saisie dans mon fort intérieur d’un amour profond pour mon peuple.

Le Seigneur voulait me faire comprendre, qu’il avait un autre plan pour moi. Cet amour pour Israël a complètement bouleversé ma vie. J’avais l’habitude d’être indépendante et ne me posais pas trop de questions sur ma vie. 

Au moment où je m’apprêtais à fêter mes 20 ans de présence à l’assemblée, j’ai voulu partager et témoigné de ce que j’avais reçu sur mes racines juives et cet amour pour mon peuple. 

Dès lors, j’ai été très vite confrontée à diverses réactions, certains trouvaient cela génial et avec d’autres, on pouvait ressentir une indifférence et un froid dans leurs cœurs. Le changement de comportements de certains jeunes dont je m’occupais, c’est manifesté par un recul très net. Cette attitude incompréhensible m’a profondément affectée et blessée. Je me suis repliée sur moi-même, me sentant rejetée.Je n’ai fait part de mon mal être à qui que ce soit en gardant ces choses au fond de moi.Cet état devenant trop lourd et pesant à vivre,j’ai ouvert mon coeur à une amie et partagé ce fardeau. Je n’ai pu retenir mes larmes en exprimant ma douleur.

Dans ces moments d’interrogations, une autre personne ayant perçu et compris mon mal être, m’a conseillé de venir vivre un Shabbat à El-Bethel, c’était en février 2015. 

Au fond de moi, je savais que ma place n’était plus dans l’assemblée évangélique que je fréquentais. Toutes mes motivations spirituelles, mes responsabilités et engagements avec les enfants et les jeunes n’avaient plus de sens pour moi. Il m’était impossible de prier, d’intercéder et de chanter avec joie. 

Ma seule motivation à ce moment là était de prier pour qu’Israël fasse Teshouva et revienne à son D.ieu.

Invitée par une amie à prier et intercéder chez elle tous les mois pour le peuple d’Israël, je me suis mise à fréquenter une association soutenant l’alyah et le peuple juif.

Ce même mois, j’ai rencontré Yannick et Thomas dans une réunion et pour la  première fois, j’entendais un pasteur parler d’Israël positivement dans un centre chrétien en Alsace, ce qui fût pour moi un baume dans mon coeur. 

En février 2015 et suite à mon expérience du Shabbat, je suis retournée à la kéhila messianique. Je m’y suis sentie bien, accueillie avec beaucoup d’amour. Malgré ces expériences positives, je demeurais partagée, ne voulant pas rompre avec mon assemblée sans persévérer dans la prière et agir par conviction. 

Au fond de mon cœur, je demeurais dans le trouble et la tristesse de constater ce rejet d’Israël dans le monde chrétien. Il m’était impossible de comprendre le sens et la raisonprofonde de cette attitude. Ils ne font pas ce que le Messie Yeshoua a enseigné et qui est pourtant clair : « Aller d’abord vers les brebis perdues de la Maison d’Israël ».

Tout s’est amplifié lors d’une réunion de prières où une personne priant pour Israël, a été stoppée de manière nette et sans raison par le pasteur.  

A l’occasion d’une conférence avec Nicky Cruz, j’ai fait la connaissance d’un couple, avec lequel j’ai pris contact et leur ai partagé ma souffrance intérieure. Ils ont reconnu qu’un des pasteurs avait un problème avec Israël ayant certainement une origine antisémite.

Les messages et les enseignements de ce pasteur étaient axés sur les faits que le peuple d’Israël avait été rejeté de D.ieu et que l’église l’avait remplacé. Là, c’était trop, je ne pouvais plus faire de compromis et adhérer à cette théologie de la substitution et du mépris.

L’ignorance, le manque de connaissance, lié au rejet d’Israël et de sa foi, s’est poursuivi au cours d’une rencontre avec deux jeunes dont je m’occupais, ils ne savaient même pas que Yeshoua le Messie règnerait à Jérusalem. Ils ont été jusqu’à dire où cela est-il écrit ? Déconcertée par leur question et leur manque de connaissance biblique, je leur ai cité les passages des chapitres 12 et 14 du prophète Zacharie. Ces jeunes ignoraient pratiquement tout du règne du Messie, du sens et de la signification de l’Alyah, du retour du peuple juif sur sa terre qui est la fin de 2000 ans d’exil dans les nations. Ils ne savaient même pas que c’était un accomplissement prophétique.

Cette église évangélique a organisé en octobre 2015 une retraite spirituelle pour les jeunes adultes de Paris à Jambville dans un château. Ils étaient à peu près 350, et se réunissent une fois par mois du vendredi soir au samedi, ils sont très fervents et dynamiques dans leurs engagements pour Di.eu. 

Le dimanche matin avant les cultes, nous avions une réunion de prière et j’ai  à cette occasion demandé au Seigneur si je devais partir ou pas, ayant reçu la conviction après trois confirmations de me rattacher définitivement à l’assemblée messianique. Mon cœur était partagé entre tristesse et joie ; on ne peut éradiquer 23 ans de vie et d’engagement dans une assemblée comme ça. 

Pendant ces deux jours, beaucoup de larmes ont coulé, car je redoutais de faire face aux conséquences de ma décision. Le fait d’affronter toutes sortes de réactions et oppositions  fragilisait ma décision. Ce qui m’a permis de surmonter ce défi a été la joie de retrouver mes racines juives, de vivre un nouveau départ avec Sa présence, de le connaître dans la pensée et l’héritage d’Israël chaque jour.

Comprenant que mon temps était fini, je n’avais plus rien à faire dans ce lieu. 

Après un entretien avec un des pasteurs, celui-ci m’a encouragée et soutenue dans ma décision et ma nouvelle orientation. Puis, j’ai donné ma démission et annoncé mon départ à toute l’assemblée. Comme prévu, beaucoup se sont opposés en formulant toutes sortes de critiques qui n’ont eu aucun effet sur moi. J’ai ensuite organisé avec les jeunes des pots de départ où on a prié les uns pour les autres. Ce temps s’est terminé en mangeant une bonne crêpe au restaurant ! 

J’ai gardé le contact et développé avec plusieurs une relation d’amitié. 

De retour dans l’assemblée messianique, dans un temps de prière, une grande lumière m’a enveloppée me disant ta place est ici, c’est là que tu seras heureuse. Peu de temps après, il y a eu le décès de ma mère et des problèmes ont commencé avec des questions d’héritage générant des pressions importantes. La qehilla m’a soutenue et portée dans la prière dans ces moments difficiles et progressivement tout s’est apaisé.

Suite à tous ces évènements, je suis partie en Crète pendant une semaine pour prier, me reposer et couper avec le passé. Je voulais me détacher des doctrines chrétiennes liées au Concile de Nicée et me préparer à recevoir la pensée et l’héritage d’Israël. J’ai depuis jeté tout ce qui est en rapport avec Noël, la pâque chrétienne, les décorations, etc. Par conviction et obéissance, je ne mange plus du tout de porc, souhaitant me conformer à la Torah et au Messie, car c’est dans cette obéissance que l’on est béni. 

Je peux maintenant vivre et savourer les fêtes de l’Eternel, le shabbat, la vision messianique dans la profondeur des enseignements du Rav. 

Je prie beaucoup pour la qehilla et les croyants en Yeshoua, qui en ont assez de voir l’antisionisme, l’anti-judaïsme et l’antisémitisme dans les églises, afin, qu’ils puissent être encouragés à entrer dans cette vision car c’est celle de Yeshoua, la Lumière et la Vie.

Beaucoup ignorent qu’un grand nombre de juifs reconnaissent Yeshoua comme leur Messie Rédempteur et veulent conserver leur identité, la pratique de la Torah dans le Messie.

Depuis que je suis à l’assemblée messianique, je suis bénie dans mon travail et je suis devenue beaucoup plus professionnelle. L’entente, la relation et les contacts avec ma sœur se sont nettement améliorés. C’est beaucoup plus difficile avec mon frère et ma belle sœur, car hélas, ils ont gardé l’attitude antisioniste de ma mère. Ils ignorent pour l’instant mes nouvelles orientations et mon retour aux racines juives. 

Je remercie Hashem de m’avoir ouvert les yeux au travers des enseignements de notre Rabbi concernant la relation tumultueuse dans l’histoire entre l’Eglise et Israël. Je prie beaucoup pour qu’il y ait une réconciliation et une véritable relation entre eux. 

La Torah s’accomplit dans le Messie Yeshoua et demeure le fondement de la Rédemption. C’est ce qui est écrit dans la Bonne Nouvelle de Matthieu. Il y aura bientôt le règne et le retour en gloire du Messie Yeshoua à Jérusalem. 

Je désire et souhaite de tout mon coeur que la qehilla grandisse et que la gloire de Yeshoua remplisse Sa maison pour qu’elle soit préservée de ce qui n’est pas à Sa gloire. » 

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