Le juif Yeshoua (Jésus), par Armand Abecassis

Nous nous intéressons, nous juifs réfléchis, à Jésus et au christianisme, parce qu’il nous faut comprendre la crise produite au sein de notre peuple, pendant les deux premiers siècles avant l’ère courante et qui a engendré le message de Jésus au sein de son peuple et de ceux qu’on a appelés « chrétiens » à Antioche (Actes 11, 26).

Yeshoua (Jésus) était et fut, tout au long de sa vie, juif croyant et pratiquant.

Rien dans sa vie, ni dans ses idées, ni dans sa conduite, n’était en dehors du judaïsme, si ce n’est sa crucifixion romaine.

Il est né juif, de parents juifs, sa foi était juive comme sa prière et son enseignement.

Il parlait hébreu et araméen.

Il priait dans les synagogues, pas dans les églises comme les chrétiens plus tard.

Il enseignait exclusivement à son peuple et ne désirait rien d’autre que le retour des « brebis égarées » dans le troupeau, c’est-à-dire, les juifs infidèles à la Torah et à la volonté divine.

Il a été présenté au Temple comme les enfants juifs et il y enseigna même.

Il faisait ses sermons du shabbat dans les synagogues comme les rabbins.

Il était circoncis dans sa chair, et pas seulement dans son cœur ou dans son esprit.

Il portait un nom juif et quel nom !

Il ne lisait que la Torah et les prophètes, et pas les Évangiles ou les Épîtres.

Il a reçu la tradition de Joseph, « l’homme juste » et de Marie.

Siméon, Zacharie le prêtre, Élisabeth son épouse et leur fils Jean-Baptiste étaient juifs, comme tous les disciples de Jésus.

Luc était certes païen, mais c’était un « craignant D.ieu », c’est-à-dire attiré par le judaïsme à Antioche ; il acceptait la foi juive, mais ne suivait pas le rite et les coutumes juives qu’il découvrait dans cette capitale romaine de la Province de Syrie.

Toute l’existence de Yeshoua (Jésus), comme celle des Apôtres, se déroulait sur la Terre promise, à part le court moment qu’il passa en Égypte avec sa mère.

Ses paraboles, ses métaphores, ses allégories étaient celles des rabbins et des scribes de son temps.

Son amour pour son peuple était manifeste et Il le proclamait même à travers la dureté des critiques qu’il adressait à ses maîtres.

Les prophètes qui l’ont précédé furent même beaucoup plus incisifs que lui, car leur déception était à la mesure de l’amour et de l’admiration qu’ils vouaient à leur peuple.

Il était nourri par eux, d’ailleurs ; il portait les franges à son vêtement appelé tsitsith (Matthieu 9, 20).

Il priait quand il se mettait à table pour manger, avant et après le repas (Marc 6, 41).

Il s’est défendu contre le diable qui l’a trois fois tenté, en s’appuyant sur trois versets du Deutéronome.

Il n’a pas aboli la Loi et n’a pas méprisé le rituel religieux.

À l’instar des pharisiens, il a enseigné l’esprit et l’ouverture qui doivent accompagner la pratique religieuse pour lui éviter l’obscurantisme et le légalisme ou le formalisme.

Il célébrait la Pâque juive selon le rituel rabbinique, avec la bénédiction sur le vin et sur la matsah (pain azyme).

Il était bien juif pratiquant, et pas seulement juif d’origine.

Il était bien croyant, et pas seulement pratiquant.

Il nous faut donc, chrétiens et juifs, nous rencontrer et partager sérieusement pour apprendre quelle est la fonction exacte que D.ieu attend de chacun de nous.

Notes

Armand Abécassis, né le (85 ans) à Casablanca au Maroc, est un écrivain français d’origine marocaine, professeur honoraire de philosophie générale et comparée à l’université Michel-de-Montaigne (Bordeaux 3). Il enseigne à l’école Aquiba de Strasbourg, et à l’Alliance israélite universelle. Ses écrits et ses enseignements cherchent à promouvoir un dialogue fécond entre judaïsme et christianisme et il reçoit le prix de l’Amitié judéo-chrétienne de France en 2009.

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