Un jour, une personne me posa cette question : « Pourquoi mettre une mézouza ? ».
Je répondis : « Vous voulez dire à quoi sert une mézouza ? ». « Oui, est-ce pour protéger ma maison ? ».
Il était question de ce parchemin roulé dans un boitier que l’on trouve sur le côté droit de la porte d’entrée et parfois des pièces d’habitation, dans une maison juive.
Je répondis : « Madame, si vous voulez protéger votre maison, installez plutôt une porte blindé, une alarme ou prenez un chien ! ».
Si la mézouza ne protège pas ma maison, à quoi sert-elle ?
Le mot mézouza (au pluriel mézouzot) signifie en hébreu le montant de la porte.
Par extension, il désigne le parchemin contenu dans le boitier fixé sur la porte.
Ce rouleau de parchemin contient les deux premiers paragraphes du Ch’ma, qui sont extraits de la Torah (Deutéronome 6 : 4-9, 11 : 13-21).
Le Ch’ma est le texte essentiel de la prière juive et affirme que D.ieu est Un pour toute l’humanité, ce qui inclut l’acceptation de Ses commandements :
« Tu les écriras sur les mézouzot (poteaux) de ta maison et de tes villes (Deutéronome 6 : 9 et 11 : 20)
Ces passages bibliques du Ch’ma sont écrits à la main par un Sofer (un scribe certifié) sur un parchemin appelé klaf.
Le texte est traditionnellement écrit sur 22 lignes, comme le nombre de lettres de l’alphabet hébraïque.
Le parchemin est enroulé à l’intérieur d’un boitier qui peut être décoré de manières très variées.
La mézouza marque le passage entre deux espaces, entre l’espace privé qu’est celui de la maison et l’espace extérieur, ou encore entre deux espaces à l’intérieur d’une maison.
Chaque fois que vous entrez ou sortez, la mézouza vous rappelle que vous vivez dans une relation d’alliance avec D.ieu.
Par sa présence, la mézouza donne une dimension spirituelle à un acte très quotidien et banal qui est celui de franchir le seuil de sa maison.
Certains renforcent cette symbolique en touchant la mézouza de la main puis en embrassant leur main. C’est un simple usage, en aucune façon une obligation.
Une façon d’affirmer son identité juive
La mézouza témoigne aussi que la maison sur la porte de laquelle elle est posée est une maison juive, c’est-à-dire une maison régie par certaines règles, rituels et croyances.
Fixer une mézouza sur sa porte est une façon très concrète d’affirmer son identité juive.
Traditionnellement, on place la mézouza à hauteur des yeux, en biais, sur le côté droit de la maison.
Pourquoi en biais ? L’usage résulte d’une controverse entre Rachi (1040-1105), grand commentateur biblique qui vécut à Troyes, et son petit-fils Rabbi Jacob ben Meïr Tam, dit Rabbénou Tam (1100-1171). Rachi affirmait que la mézouza doit être placée en position verticale tandis que son petit-fils soutenait qu’elle doit être fixée horizontalement. Par respect pour ces deux grands rabbins, l’usage a prévalu de placer la mézouza en position inclinée.
Vous avez dit « une protection » ?
Au dos du parchemin est écrit le mot Shaddaï, l’un des noms de D.ieu.
Ce nom Shaddaï est aussi écrit sur la mézouza car ses trois lettres en hébreu (chin, dalet et yod) forment l’acronyme « Chomer Dalot Yisraël » qui signifie « Gardien des portes d’Israël ».
L’idée de protection a malheureusement, à certains moments, dériver vers des idées plus ou moins superstitieuses. Aujourd’hui encore, la mézouza se voit souvent attribuer des fonctions protectrices face à des catastrophes ou séries de problèmes.
Mais la mézouza est surtout et avant tout liée à l’épisode de la sortie d’Égypte, lors de la dixième plaie, celle de la mort des premiers nés.
D.ieu demande en effet aux Israélites de faire un signe sur les montants (mézouzot) de leurs portes (Exode 12 : 7) pour épargner leurs maisons de la visite de l’Ange de la Mort.
La mézouza ne vous protège pas des catastrophes, des cambrioleurs, des inondations ou des incendies. Mais, sans un mot, elle vous rappelle qu’il vous revient de donner une dimension spirituelle à vos vies ou de placer la Torah au cœur de vos vies, et cela tous les jours, « quand vous demeurez dans vos maisons et quand vous sortez ».
Explication hébreu messianique
Tout ceci nous oriente vers celui qui est l’Agneau de Pessah : Yeshoua le Messie.
La mézouza, posée sur la porte, doit aussi être posée sur la porte de notre cœur.
Il nous rappelle, le sang mis sur les poteaux et linteaux des portes lors de Pessah :
« On immolera l’agneau… On prendra de son sang et on en mettra sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte des Maisons » (Exode 12 : 6 à 7)
Le sang devenait un signe de vie mettant fin à la servitude d’Israël. Une vie nouvelle allait commencer, mettant fin à l’asservissement de l’Egypte.
Le sang de Yeshoua fait que notre vie se distingue de celle du monde.
Notre cœur et notre habitation devient un lieu de prières, d’écoute, d’obéissance au Messie et à la Torah.
Notre cœur, notre maison devient un lieu de sainteté qui distingue le pur et l’impur.
Notre mode de vie se conforme à Sa Parole de vie.
« Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de D.ieu, et que Son Souffle habite en vous ?(1 Corinthiens 3 : 16)
« En Lui, vous êtes aussi édifié pour être une habitation de D.ieu en Esprit. » (Éphésiens 2 : 22)
« Et si Mashiah est en vous, le corps, il est vrai, est mort à cause du péché, mais l’esprit est vie à cause de la justice ». (Romains 8 : 10)