Rose Price : rescapée de la Shoah

« Je suis née dans une petite ville de Pologne, à Skarzysko-Kamienna.

Là, tout le monde se connaissait. Nous appelions « goïm » les « étrangers » polonais.

Ma vie s’écoulait heureuse parmi les miens, bien que connaissant très tôt l’antisémitisme ambiant. On nous traitait souvent de « sales juifs », ou bien de « meurtriers de Jésus ». Nous connaissions déjà les insultes, mais nous ne savions pas dans quel tourbillon de haine nous allions être broyés.

1939.

J’avais 10 ans 1/2 lorsque la guerre a été déclarée.

L’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie allait nous jeter hors des écoles, et nous obliger à mentionner sur nos papiers comme sur nos vêtements le nom « Juif ».

Notre situation devint de plus en plus angoissante. Entassés dans des ghettos, des familles entières furent emmenées par des soldats qui portaient une devise gravée sur la boucle de leur ceinturon : « Gott mit uns ! » (Dieu est avec nous !).
Je me demandais alors où se trouvait notre D.ieu, l’Eternel qui a nourri le peuple d’Israël durant quarante années dans le désert ?

Bien qu’ayant souffert par le passé de nombreux pogroms, nous allions maintenant être déportés par les soldats d’un peuple qui se disait chrétien, mais qui nous persécutaient, nous insultaient, nous frappaient, et nous assassinaient au nom de « leur Christ » ! (Je sais maintenant que ceux qui ont agi ainsi, prouvaient par leurs paroles et leurs actes qu’ils n’appartenaient pas au Messie de la Bible).

1940.

Dès cette époque, de nombreuses familles disparurent.

Puis vint une proclamation : « Tous ceux qui iraient travailler dans les usines seraient sauvés ».

Ma sœur et moi avons accepté de signer et nous sommes allées à l’usine.
Levées à 4 heures du matin, nous finissions notre travail lorsque la nuit était déjà tombée. Notre vie était un cauchemar. Mais ce n’était que le commencement de l’horreur.
Un jour, en sortant de l’usine, nous avons été dirigées vers une « ville ». Vous imaginez deux fillettes de 11 et 13 ans hurlant : « Nous voulons rentrer à la maison, nous voulons revoir nos parents ! ». La seule réponse fut des coups de fouet. Alors, il nous fallut vite apprendre à  nous taire. Au plus profond de mon cœur s’éleva une tempête de révolte.

Notre travail consistait à fabriquer des bombes.

Je n’étais qu’une enfant et cela était extrêmement pénible et dangereux. Nous recevions des coups de fouet sur le dos et sur les mains. Aucun livre, aucun film et aucun discours ne pourra vous faire comprendre les atrocités que l’on nous a faites.

Chaque jour, la même routine : atelier, baraque, maigre repas. Et les derniers arrivés ne mangeaient pas ! Les gardiens mettaient chaque jour des groupes à part et ceux-ci ne revenaient jamais.

Une fois, je me suis trouvée dans l’un de ces groupes ; j’ai eu peur et je me suis mise à pleurer. Intérieurement, je criais mon angoisse pendant que les S.S. nous conduisaient dans un bois. Des soldats nous ont poussées et d’autres nous tiraient une balle dans la tête. Certains parmi nous mouraient sur le coup. D’autres souffraient longuement avant de mourir dans les fosses communes.
Les S.S. étaient sans pitié.
Je ne voulais pas mourir, et je cherchais un moyen de m’évader. J’y parvins et je me cachais près des baraquements un certain temps. Mais les S.S. me retrouvèrent.

Dachau, Bergen Belsen

Le cauchemar se poursuit.

C’est là que ma sœur et moi avons été transférées.

Vous auriez du mal à imaginer nos souffrances, les tortures morales et physiques qu’on nous infligeaient.

A 13 et 15 ans, nous devions rester des heures et des nuits entières dans le froid terrible de l’hiver. C’était une distraction pour nos gardiens et pour les S.S. que de nous voir grelotter de froid pendant des heures ! Beaucoup tombaient et mouraient sous le regard sans pitié de nos bourreaux.
Nous ne pouvions aider personne. Nous aurions été battues jusqu’à la mort.

Nos souffrances étaient atroces. On pouvait y lire deux inscriptions : « le travail libère l’homme » et « Vous avez tué Jésus-Christ, nous aussi nous vous tuerons ! ».

Certains d’entre vous commencent à comprendre maintenant ce que représente , pour beaucoup de juifs, le nom de Jésus ! Nous avons tant souffert de la part de ceux qui se disent Lui appartenir.

Un jour on nous a poussé vers un train, entassé dans un wagon à bestiaux.

Pendant la nuit, avec d’autres, nous avons pu sauter du train et courir à travers champs. Nous n’étions alors qu’à 30 km de Munich, affamées, épuisées, tremblantes. Mais les Allemands finirent par nous rattraper et ils nous reconduisirent dans des baraquements. Dehors, les bombardements ne cessaient sur la ville.

La libération

Puis, un matin, la porte de notre baraque s’ouvrit et un homme entra.

Il nous donna du chocolat en souriant. Je compris que ce n’était pas un Allemand.
Nous étions libérées !

Je vis aussi un soldat porter une kippa et une étoile de David. C’était un Juif, ce n’était plus un S.S. ! Je me mis alors à sangloter.

En sortant des camps de concentration, nous avions perdu le goût de vivre. Tant de parents, d’amis, d’enfants, de vieillards torturés et humiliés dans des conditions atroces.

On nous a nourries, lavées, habillées, soignées. Nous étions à nouveau des êtres humains, mais dans quel état et quelle révolte dans mon cœur !

Tant de membres de notre famille avaient été assassinés !

Je décidai de retourner chez moi en Pologne, mais je tombai gravement malade et demeurai dans le coma pendant plusieurs mois. J’avais tout enduré pendant ces 5 longues années, même une opération du pied sans aucune anesthésie. Ma sœur rescapée resta auprès de moi tout le temps que dura ma maladie. Finalement, je choisis de partir aux Etats-Unis.

Révoltée

Pendant 5 ans je ne permis à personne de me parler de D.ieu !

J’entendais dire que D.ieu nous aimait, qu’Israël était Son peuple.

Je répondais : « Qu’est-ce que cela peut me faire ? Où était donc ce D.ieu dont vous me parlez, pendant ces 5 années de terreur et de mort ? »

Mais je Lui demandais : « Transforme ma mémoire, donne-moi 5 années d’amnésie. Je ne veux plus me rappeler, ni me réveiller en pleine nuit en revivant ces choses atroces dans mes rêves. Ne plus me souvenir ! ».

Recommencer

Une nouvelle vie commença pour moi lorsque je rencontrai mon mari, Charlie, déjà père de deux enfants. Nous eûmes deux filles. Comment aurais-je pu espérer une chose pareille ?
A Philadelphie où nous résidions, beaucoup de familles juives étaient réunies dans ce que l’on appelait « la petite Jérusalem ».

Bien que n’étant pas religieuse, socialement j’étais juive et je décidai d’instruire mes enfants dans une la tradition (école juive, bat-mitzva, célébration des fêtes …).

Bien qu’étant très active au sein de la communauté, mon cœur et mon âme n’étaient cependant pas en paix.

Une violente tempête

Un jour, alors que je me reposais, une de nos deux filles vint me dire : « Maman, j’ai fait une merveilleuse découverte : JESUS est notre Messie, le Messie d’Israël ! Son Nom hébreu se prononce YESHOUA HA MACHIAH. »

J’ai cru que mon cœur et ma tête allaient éclater, je lui ai hurlé de se taire !

J’avais tellement souffert dans mon enfance en Pologne, puis dans les camps de concentration allemands. Comment accepter que Jésus soit notre Messie ?

Ce passé était trop horrible, et voilà ce que ma fille était en train de me dire. Je me suis levée et je l’ai secouée en lui disant : « Tu as trois jours pour t’ôter cela de la tête. Si tu persistes dans cette idée, tu n’es plus notre fille, tu nous a trahis ».

Comme elle persistait toujours à croire cela, je lui ai dit : « Tu vas quitter cette maison, tu n’es plus ma fille. » Puis je courus parler au rabbin qui soutint ma position, pensant lui aussi qu’elle avait renié, peuple, famille et passé.

Alors ma fille quitta la maison.

Je l’aimais tant, je voulais savoir ce qui lui arriverait. Aussi, mon mari et moi nous l’avons suivie. Nous l’avons retrouvée avec des amis qui priaient et adoraient l’ETERNEL, le D.ieu de  nos pères et se réjouissaient de Sa bonté et de Sa délivrance.

Mon époux, bouleversé, comprit à ce moment-là que Jésus était bien le Messie annoncé par Moïse et par tous nos prophètes. Notre fille revint avec nous. Ils étaient désormais deux à croire en ce Jésus !

Leurs tentatives pour me convaincre furent vaines un certain temps. Mais ils ne se découragèrent pas.

Je trouvais à mon intention des versets bibliques, des notes, une Bible, une Nouvelle Alliance : je jetais tout cela par la fenêtre.

Eux, étaient toujours aimables. Ma fille, alors que ce n’était pas dans ses habitudes, se mit à m’aider dans le ménage, à ranger soigneusement ses affaires, à faire son lit, accomplissant des tâches ingrates avec le sourire.

Avec étonnement, j’observais ce changement, me demandant combien de temps cela allait durer, et cela dura.

Malgré ma connaissance des traditions juives, je ne connaissais pratiquement rien de la Bible. Mon mari et ma fille me firent découvrir dans le Tanah plusieurs passages qu’ils avaient soulignés : Deutéronome 18 : 16-18 ; Psaume 2 et 22 ; Esaïe 9 : 5 ; Michée 5 : 1.

Je posais une foule de questions à mon rabbin, en vain.

Alors je me mis à lire moi-même la Bible. Progressivement, je compris la richesse de l’Amour du D.ieu de nos pères, notamment au chapitre 53 du prophète Esaïe :

« Mais qui a cru à ce qui nous était annoncé ? Il s’est livré Lui-même à la mort et Il a intercédé en faveur des coupables. Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur Lui ».

Le matin de Rosh Ha Shana, le nouvel an juif

Mon mari fut terrassé par une grave crise cardiaque.

On l’emmena d’urgence à l’hôpital. Alors que je traversais ce dramatique événement, plusieurs dans la communauté me firent comprendre que cela lui arrivait parce qu’il croyait au Messie Jésus. Cela était sûrement un châtiment venu d’en-haut !

Triste, je retournai vers mon mari qui me fit cette demande : « Rose, va vite avertir l’Assemblée Messianique de ce qui m’est arrivé ! ».

C’est ainsi qu’ils prièrent durant 5 jours pour Charlie, et non seulement eux, mais toutes les autres Assemblées.

Et mon mari put revenir à la maison, il était guéri ! Les médecins étaient stupéfaits.

Lui et ma fille me citèrent le prophète Esaïe 53 : 5 :

« C’est par Ses meurtrissures que nous sommes guéris »

Oser interroger notre D.ieu

Un homme riche près de Philadelphie donna un grand dîner pour son anniversaire.

C’était un Juif Messianique, et je me dis : »Il y aura un excellent repas, certes, mais au dessert, il nous parlera sûrement du Messie ! ».

Je décidai quand même d’y aller et fus surprise de trouver un homme simple et chaleureux qui me présenta toute sa famille.

Puis, un avocat se leva et donna son témoignage. Je me disais : »C’est un traître, il a trahi le peuple juif. Je vais quitter ce repas et faire un scandale. »

Une amie qui comprit ce qui se passait en moi, m’emmena à l’écart et me dit : « Rose, cesse de lutter, de te révolter, mais prie. Demande à D.ieu, le D.ieu de nos pères, de te révéler ce que nous affirmons au sujet de Yeshoua : si c’est la vérité ou bien un mensonge. Ose L’interroger et Il te répondra. »

Alors, j’ai fermé les yeux en tremblant et j’ai dit : « D.ieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, si tout cela est vrai, si Yeshoua est Ton Fils, alors je veux qu’Il vienne habiter dans mon cœur comme Seigneur et je Le servirai. Il sera mon Messie, mon Goël, mon Sauveur et mon Maître. »

C’est de cette manière que le Messie entra dans mon cœur et dans ma vie.

Il y eut cependant encore bien des combats, terribles et violents, car le passé était douloureux et amer. Je devais apprendre à pardonner tout le mal qui m’avait été fait, comme D.ieu nous a pardonnés.

Rencontre avec le passé

Je me trouvais, il y a quelques années, à un Congrès de Juifs Messianiques à Messiah’s College.

Je me reposais, lorsque tout à coup je sursautai. Quelqu’un près de moi m’adressa la parole en allemand et me demanda un renseignement.

Je me raidissais en écoutant cette langue que je n’avais plus parlée depuis 1945, et qui me rappelait tant de souvenirs pénibles.

Je le renseignai quand même, et me demandais franchement : « Qu’est-il venu faire ici cet Allemand ? Pourquoi veut-il rencontrer des Juifs Messianiques ? »

Un peu plus tard, l’Allemand était encore là !

Le comble de tout, c’est qu’il se mit à prier au milieu de nous tous, à voix haute, disant : « D.ieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, D.ieu du Messie Jésus, enseigne à mes frères et à mes sœurs à pardonner tout le mal que nous leur avons fait. »

Cela faisait plus de huit ans que j’avais ouvert ma vie et mon cœur au Messie, mais il y avait au fond de moi un endroit fermé, et je ne permettais à personne d’y pénétrer, pas même au Seigneur !

En entendant cet Allemand prier, je dus m’asseoir tant l’émotion était violente.

Je luttais avec D.ieu, je ne voulais pas que la lumière pénètre dans cette partie de mon passé. Je résistais pied à pied. Il y avait eu trop de souffrances, trop de larmes, trop d’humiliations, trop de morts…

J’avais accepté que D.ieu me pardonne mais je refusais de pardonner cela.

Puis, je cessai de lutter et je dis à D.ieu, mon Sauveur : « Toi seul, par Ton Esprit, Tu peux m’accorder d’aimer mes ennemis, de bénir ceux qui m’ont maudite, de faire du bien à ceux qui m’ont haïe. Toi seul, Messie d’Israël, Tu peux faire que je prie pour ceux qui nous ont maltraités si cruellement. Je veux être la fille de mon Père qui est dans les cieux »

« Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes ». (Matthieu 5 : 44-45)

« Mais je vous dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent ». (Luc 6 : 27-28)

Alors que cet Allemand continuait à prier, je disais dans mon cœur : « Seigneur, pardonne-moi de ne pas lui avoir pardonné jusqu’à ce jour ».

Puis, je me suis approchée de cet homme, j’ai prié avec lui et j’ai été délivrée, libérée d’un lourd fardeau qui écrasait ma vie.

Par la puissance et la bonté de D.ieu, j’ai été purifiée de mon chagrin et de l’amertume.

D.ieu soit béni !

C’est pourquoi, je voudrais dire à l’attention de tous ceux qui comme moi, ont connu de grandes souffrances : « Cessez de lutter avec vos seules forces, ne cherchez plus à vivre avec ce fardeau qui vous écrase. Venez avec confiance à Celui qui dit aux enfants d’Israël, comme aux habitants de toutes les Nations :

« Venez à Moi, vous tous qui êtes fatigués et découragés parce que vous ployez sous un lourd fardeau. Venez à Moi, dit le Messie. Car Je suis doux et humble de cœur, Je donnerai du repos à vos âmes. » (Matthieu 11 : 28 – 30)

Je voudrais vous parler de beaucoup d’autres miracles que le Seigneur a faits dans ma vie.

Venez écouter la parole du Seigneur afin qu’Il accomplisse un miracle en vous.

Aujourd’hui, prenez une Bible et découvrez le plan de D.ieu à travers la vie de nos ancêtres.

Et comme moi, vous saurez combien D.ieu vous aime et qu’Il veut vous sauver. »

 

 

Notes

Rose a pris la parole dans des églises, des synagogues et des écoles publiques et privées dans plus de 30 États des États-Unis d’Amérique. Elle était une oratrice vedette à Berlin pour YESHOUA (Jésus), et à Nuremberg, lors de l’anniversaire de la proclamation d’Hitler. Elle a été invitée au Canada, en Pologne, en Jamaïque, au Honduras, au Costa Rica, au Guatemala et à Porto Rico.

Rose Price Ministries

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