La lumière et la délivrance, par Frédéric Baudin

C’est l’hiver, le mois de kislev est déjà avancé, bientôt les collines de Judée seront enneigées, comme souvent à pareille époque.

En l’an 165 av.J-C., ce 25 Kislev va rester gravé dans l’histoire du peuple d’ Israël.

Depuis plusieurs mois, le pays a été bouleversé. Les occupants syriens ne cessent d’oppresser les Juifs ; ils leur ont imposé une culture étrangère, et de nombreux Juifs ne parlent plus désormais que le grec. Ils oublient l’hébreu de leurs ancêtres, et certains ont même renié les lois de Moïse.

Mais un certain nombre d’entre eux reste cependant fidèle au D.ieu d’Israël ; ils continuent d’espérer en lui, ils se souviennent comment Il a délivré leur peuple de l’esclavage de l’Egypte. Ils savent que le Tout-Puissant n’a jamais abandonné son peuple, même lorsqu’il fut emmené captif à Babylone, quatre siècles plus tôt.

Le retour des enfants d’Israël sur la Terre Promise n’a t-il pas montré que le Seigneur manifeste sa bonté, son pardon, son amour envers ceux qui se tournent vers Lui pour obtenir le salut ? Eh bien ! Le Dieu d’Israël ne change pas ! Il nous accordera la victoire, clament les fils du grand-prêtre Matthatias, le chef de file des résistants : ils combattent avec acharnement le parti du grand-prêtre Ménélas, qui a pactisé avec l’ennemi.

Tout va mal, depuis la mort d’Alexandre survenue deux siècles auparavant.

Le jeune conquérant n’a pas laissé d’héritier et ses deux principaux généraux, Plotémée et Séleucus, se sont partagés l’empire. Ils se sont lancés ensuite dans une série de combats fratricides : chaque dynastie veut récupérer la part de l’empire qui échappe à son autorité.

Les Séleucides règnent sur la Syrie, la Mésopotamie, l’Iran et depuis peu, ils ont repris la Palestine (-198 av.J-C.) aux Plotémées, qui demeurent souverains sur l’Egypte.

Vers l’an -175, Antiochus IV a succédé à son père, Séleucus IV ; il règne à Antioche. C’est un roi impudent, qui veut imposer aux Juifs des coutumes abominables. Matthatias, s’il n’est qu’un humble prêtre d’un village de Judée, ne veut pas se résigner : il est au contraire décidé, avec l’aide de ses cinq fils, à éliminer ce roi sacrilège qui veut anéantir la foi juive.

La coupe déborde : Antiochus IV n’a t-il pas osé, ces derniers temps (vers -167 av. J-C.) dresser une statue de Zeus dans le temple ? Il a même offert des porcs sur l’autel consacré au D.ieu d’Israël ! Ne serait-il pas celui dont le prophète Daniel avait annoncé la venue et le sacrilège ?

A n’en pas douter, il faut se dresser contre un tel profanateur et le chasser pour toujours : le temple doit être à nouveau consacré au Seigneur, pour que le peuple d’Israël puisse adorer son D.ieu que nul ne peut voir ni représenter.

Hélas, Matthatias est mort, l’an passé, après qu’il eut combattu avec courage et commandé une petite troupe de résistants, malgré sa vieillesse. C’est son troisième fils, Judas, qui a pris la relève. On le surnomme le « Macchabée » : n’est-il pas semblable au marteau qui sert à tailler la pierre ? Il enfoncera les armées ennemies !

Les opérations lancées contre les occupants et les collaborateurs se sont multipliées depuis que Judas mène les troupes. Ils se rapprochent de Jérusalem.

Antichus IV est parti en guerre contre la Perse ; Lysias; le gouverneur de Judée, est alors plus vulnérable. Judas s’enhardit et lance ses troupes à l’assaut de la capitale.

En l’an 165, en ce mois de Kislev, il reprend enfin la ville et le temple : la joie éclate au milieu du peuple d’Israël !

Chacun s’affaire bientôt pour nettoyer le Temple, et l’on s’apprête à rétablir le culte interrompu depuis trois ans.

Le matin du 25 Kislev, le grand-prêtre entre dans le temple et accomplit les rites ordonnés par Moïse. Tous les fidèles du D.ieu d’Israël sont présents pour cette dédicace solennelle.

Mais le prêtre chargé de rallumer la Ménorah, le chandelier à sept branches, a l’air embarrassé.

Il se retourne et contemple encore une petite jarre d’huile posée à ses pieds, presque vide. Comment n’y avait-il pas pensé plus tôt ? L’huile va manquer pour entretenir les lampes pendant les huit jours que va durer cette inauguration.

Que faire ? Impossible d’en fabriquer sur l’heure, il faut utiliser une huile spéciale dont la confection ne prend pas moins de huit jours, selon la recette indiquée par Moïse !

Le sacrificateur ne peut cependant pas reculer, il verse l’huile dans les lampes et les allume aussitôt, au son des instruments de musique qui accompagnent les psaumes chantés par ses compagnons.

Huit jours durant, il s’étonnera de voir toujours la même quantité d’huile au fond de la jarre, comme si elle ne diminuait pas !

Au temps fixé par D.ieu, en Israël, le Messie est venu. Il est la véritable Lumière qui en venant dans le monde, éclaire tout homme.

A tous ceux qui l’ont reconnu et le suivent, Yeshoua dit :

« Que votre lumière rayonne au milieu des hommes portant la Parole de vie. » (Jean 1:6-13)

La Ménorah, c’est la lumière du Messie qui illumine les nations de la connaissance de D.ieu.

Soyons donc des flambeaux dans ce monde.

« Puissions-nous être des ambassadeurs suppliants les hommes de se réconcilier avec D.ieu » (2 Corinthiens 5:20)

car

« Nous portons ce trésor dans des vases de terre afin que cette puissance soit attribuée à D.ieu, et non pas à nous. » (2 Corinthiens 4:7)

Notes

Frédéric Baudin est pasteur, écrivain et conférencier. Il a reçu une formation universitaire en écologie, théologie et lettres modernes. Membre fondateur de l’organisation écologique chrétienne A Rocha France, il dirige actuellement l’association Culture-Environnement-Médias ( www.cemfrance.org).

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