Talit, Téfilines, Mezouza : trois signes-symboles, par Paul Ghennassia

Jusqu’à aujourd’hui, trois signes-symboles marquent l’attachement du peuple d’Israël à Elohim, son D.ieu. Bien que faisant partie d’un rituel immuable pour le peuple juif, ces trois signes dont la Bible parle, portent aussi en eux, un sens spirituel et messianique que nous allons expliquer.

Le talit

  • judéo-araméen : טלית « habit », prononcé talit en hébreu moderne
  • talith dans certaines communautés séfarades
  • talèth dans celles d’Afrique du Nord
  • talis, tolis ou talès en hébreu ashkénaze

C’est un châle de prière de forme rectangulaire, orné de chaque coté de petites franges au nombre total de 613, symbolisant ainsi le nombre des commandements Divins ordonnés dans la  Torah. 

Aux 4 coins du châle de prière, se trouvent 4 grandes franges (en hébreu tsitsith), constituées chacune de 8 fils et 5 nœuds.

Les lettres de l’alphabet hébraïque ont chacune une valeur numérique.

  1. Si on additionne la valeur numérique de chaque lettre du mot hébreu tsitsith, on obtient le nombre 600.
  2. On y ajoute les valeurs des 8 fils et 5 nœuds = 13. 
  3. On s’aperçoit que le total correspond aux 613 commandements de la Torah.

Pour comprendre le sens de tant de détails, il faut se rappeler ce que disait le texte biblique : 

« L’Eternel dit à Moïse : parle aux enfants d’Israël et dis-leur qu’ils se fassent de génération en génération, une frange au bord de leur vêtement et qu’ils mettent un cordon bleu sur ce frange du bord de leur vêtement. Quand vous aurez cette frange, vous la REGARDEREZ et vous vous SOUVIENDREZ de TOUS LES COMMANDEMENTS DE L’ETERNEL pour les mettre en pratique, et vous ne suivrez pas les désirs de vos cœurs et de vos yeux pour vous laisser entraîner à l’infidélité. Vous vous SOUVIENDREZ AINSI DE MES COMMANDEMENTS, vous les mettrez en pratique et vous serez saints pour votre Dieu, je suis l’Eternel votre Dieu, qui vous ai fait sortir du pays d’Egypte pour être votre Dieu. Je suis l’Eternel votre Dieu » (Nombres 15 : 37-41)

Et encore  :

« Tu mettras des franges aux quatre coins du vêtement dont tu te couvriras » (Deutéronome 22 : 12)

C’est donc dans un sens d’obéissance aux ordres Divins que les Juifs portent ce talit, chaque Shabbat ou dans certaines occasions et fêtes religieuses.

Mais prophétiquement, ce talit symbolise le vêtement de justice dont sont revêtus les rachetés du Messie, selon ce passage :

« Hallélu Yah ! Car le Seigneur notre Dieu Tout-Puissant est entré dans son règne. Réjouissons-nous et soyons dans l’allégresse et donnons-Lui  gloire. Car les Noces de l’Agneau sont venues et son épouse s’est préparée et il lui a été donné de se revêtir d’un fin lin, éclatant, pur, car le fin lin, ce sont les oeuvres justes des saints ».(Révélation 19 : 6-8) 

Comparez ce texte avec le Psaume 45 : 14-16 :

« Dans le palais, la fille du roi est magnifique, vêtue d’étoffe brodée d’or. Vêtue de brocart, elle est conduite au roi, avec les vierges de son cortège, ses compagnes. Elles sont conduites dans le bonheur et la joie, elles entrent dans le palais du roi ».

Il est bon de se rappeler que Yeshoua/Jésus, fils d’Israël, portait ce châle de prière lorsqu’une femme malade, ayant des pertes de sang, a osé s’approcher de lui et a touché le bord de son vêtement (l’une des franges) et a été guérie sur le champ (Matthieu  9:20). 

Bien sûr, ce n’est pas le vêtement qui l’a guérie (ce serait de l’idolâtrie), mais sa foi dans le Messie Yeshoua.

Ces 4 franges rappelant les Commandements de D.ieu, ne sont-ils pas aussi une occasion de se souvenir que, nos pensées, nos paroles, nos gestes et nos actes (au nombre de quatre aussi) sont sous le regard de D.ieu ?

Les téfilines

  • judéo-araméen : תפילין, tefillin,
  • singulier hébreu : tefilla

Appelés aussi phylactères (Matthieu 23 : 5), les téfilines sont un SIGNE que le Seigneur a ordonné. Le peuple d’Israël est un peuple qui appartient à D.ieu, mis à part pour un but précis et important, la venue du Messie.

Il fallait donc un signe distinctif, qui MARQUE ce peuple d’une manière particulière, et celui-ci, comme le berger, marque ses BREBIS d’un signe de couleur.

D.ieu a ainsi voulu un signe, comme une sorte de sceau :

« Tu les lieras comme un signe sur tes mains et ils seront comme des frontaux entre tes yeux » (Deutéronome 6 : 8)

C’est bien ce que représente les tefilines, placés sur le bras gauche et le front (deux boîtiers de cuirs l’un en face du cœur, l’autre entre les deux yeux).

Les tefilines sont constitués de lanières de cuir qui LIENT littéralement le cœur aux actions de la main. Une seconde partie entoure la tête avec, entre les deux yeux, le boîtier de cuir contenant les passages mentionnant cette ordonnance Divine.

« Ce rite sera pour toi comme un signe sur ta main, comme un mémorial entre tes yeux, afin que la loi du Seigneur soit dans ta bouche ; car, par la force de sa main, le Seigneur t’a fait sortir d’Égypte. Tu observeras ce décret au moment prescrit, d’année en année. Alors, quand le Seigneur t’aura fait entrer dans le pays de Canaan, cette terre qu’il a juré à toi et à tes pères de te donner, alors tu remettras au Seigneur tout premier-né : tout premier-né de sexe masculin et tout premier-né mâle du bétail appartiennent au Seigneur. Le premier-né des ânes, tu le rachèteras par un mouton. Si tu ne le rachètes pas, tu lui briseras la nuque. Mais chez les hommes, tout fils premier-né, tu le rachèteras. Alors, demain, quand ton fils te demandera : “Que fais-tu là ?”, tu lui répondras : “C’est par la force de sa main que le Seigneur nous a fait sortir d’Égypte, la maison d’esclavage. En effet, comme Pharaon multipliait les obstacles pour nous laisser partir, le Seigneur fit mourir tous les premiers-nés au pays d’Égypte, du premier-né des hommes au premier-né du bétail. C’est pourquoi j’offre en sacrifice au Seigneur tous les premiers-nés de sexe mâle ; mais le premier-né de mes fils, je le rachète.” Ce rite sera pour toi comme un signe à ton poignet, comme un bandeau sur ton front : c’est par la force de sa main que le Seigneur nous a fait sortir d’Égypte. » (Exode 13 : 9-16)

Par delà l’ordonnance rituelle, nous pouvons voir ici encore la pensée prophétique et spirituelle : D.ieu veut montrer que pour Le connaître et L’aimer, il ne faut pas seulement le cœur ou seulement la raison. Les deux ensemble sont indispensables : le cœur et la raison.

Comme l’affirme déjà ce que disait Moïse de la part de D.ieu :

« Tu aimeras l’Eternel ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » (Deutéronome 6 : 4-5)

Ce que Yeshoua le Messie confirmera plus tard en parlant à un docteur de la Loi qui lui demandait quel était le plus grand Commandement de la Loi. Il lui répondit :

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée, c’est le premier et le plus grand commandement, et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les Prophètes » (Matthieu 22 : 34-40)

 encore, Yeshoua le Messie montre que ce qui devient rituel et traditionnel, finit par transformer l’homme en robot, qui exécute sans comprendre !

C’est pour cela que la Bible dit : 

« La lettre tue mais l’Esprit vivifie » (2 Corinthiens 3 : 6)

Ce qui signifie que, agir selon la lettre de la Loi, sans en comprendre la valeur et la portée, ne peut que tuer, mais en comprendre le sens par Rouah ha’Kodesh (L’Esprit Saint) aboutit à ce que le cœur et l’âme rejoignent la raison.

La mezouza

Cela signifie poteau, indiquant l’un des montants de porte sur lequel dans toutes les demeures juives, ce boîtier appelé mezouza est fixé sur le montant de droite en entrant.

Ceci encore est l’accomplissement de Deutéronome 6 : 9 :

« Tu les écriras (ces commandements) sur les poteaux (mezouzoth) de ta maison et sur tes portes. »

« Les paroles que je vous donne, vous les mettrez dans votre cœur, dans votre âme. Vous les attacherez à votre poignet comme un signe, elles seront un bandeau sur votre front. Vous les apprendrez à vos fils, vous les leur direz quand tu seras assis dans ta maison et quand tu marcheras sur la route, quand tu seras couché et quand tu seras debout. Tu les inscriras à l’entrée de ta maison et aux portes de ta ville : ainsi vos jours et ceux de vos fils seront nombreux sur la terre que le Seigneur a juré à vos pères de leur donner. Que ces jours durent aussi longtemps que les cieux au-dessus de la terre ! » (Deutéronome 11 : 18-21)

Ce signe à la porte de chaque maison juive, ne doit pas être un objet magique, mais il contient les passages Bibliques qui rappellent à chacun (à ceux qui y habitent ou à ceux qui entrent), que le  Seigneur D.ieu est le chef de cette maison. 

Cela rappelle très bien ce que Moïse de la part de D.ieu disait de faire pour la sortie d’Egypte : mettre le sang de l’Agneau Pascal (symbole du Messie) sur le linteau et les poteaux de chaque maison juive (Exode 12 : 22), et cette nuit-là, l’exterminateur ne put toucher ces maisons protégées par le sang. 

Chacun peut remarquer que sur ce boîtier, contenant les passages de la Torah, figure une lettre hébraïque écrite en gros caractères : le Shin.

La lettre hebraïque shin (ש) forme la première lettre de Shaddai (= Tout-Puissant).

Cette lettre très spéciale est composée de 3 BARRES qui rappellent spirituellement que Elohim (= le Nom de D.ieu au pluriel) est composé de trois parties, qui sont Père, Fils et Esprit.

Le Zohar, un livre mystique juif très ancien, explique que ces 3 parties sont :

  1. Keter = la couronne = le Père assis sur le trône Divin
  2. Horma = la sagesse = le Messie
  3. Binah = l’intelligence = l’Esprit Saint = Rouah ha’Kodesh

Article extrait du journal TMPI 114 – 3e Trimestre 1993

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