Parashiot & Lecture et étude de la Torah

La parasha (en hébreu פרשה, au pluriel parashiot ou parashiyyot = exposé) est l’étude hebdomadaire de la Torah (le Pentateuque).

Ezra

Elle fut instituée par Ezra (Esdras) le scribe, premier commentateur de la Torah.

Esdras (en hébreu : עזרא, Ezra) est un personnage du livre d’Esdras et du livre de Néhémie, deux livres qui font partie de la Bible hébraïque.

Il est issu de la tribu de Lévi, et est un descendant d’Aaron.

En 459 av. J.-C, ce prêtre et scribe juif a mené environ 5000 exilés Judéens de Babylone à Jérusalem.

D’après la tradition juive, au retour de la captivité à Babylone, la Torah fut divisée en 54 sections hebdomadaires, également appelées sidrot (sidra au singulier), lesquelles comportent au total 669 sous-sections.

« Ils lisaient distinctement dans le livre de la loi de D.ieu, et ils en donnaient le sens pour faire comprendre ce qu’ils avaient lu.” (Néhemie 8 : 8)

La lecture de la Torah

Voyons comment la communauté juive lit les Ecritures, durant l’année à la synagogue.

La Torah (le Pentateuque) est partagée en 54 sections (selon le nombre de semaines de l’année, augmenté de quelques fêtes) :

  • parachiyot, c’est-à-dire sections pour les Juifs séfarades
  • et sidrot, dérivé de seder = ordre, pour les Juifs ashkénazes

Chaque section est lue en entier du début à la fin.

Chaque shabbat, à l’office du matin, on en lit une partie.

Le commencement de la lecture annuelle de la Torah se situe le premier Shabbat après les fêtes d’automne (Roch Haschana -Nouvel An-, Yom Kippour -Jour du Pardon-, Soucoth -Fête des cabanes- et Simhat Tora – Joie de la Torah).

Chaque parasha tire son nom hébraïque du premier mot significatif du premier verset.

Dans le texte imprimé du Pentateuque, dans lequel les fidèles suivent la lecture, le début de chaque parasha est signalé par une marque.

Une lecture publique

La lecture ne peut être faite que pendant un service public, c’est-à-dire seulement en présence d’un minyan (l’assemblée de prière de dix hommes au moins, ayant atteint leur majorité religieuse). Ce fait souligne combien, pour le judaïsme, la communauté est importante.

Connue comme l’une des pratiques les plus anciennes et le plus caractéristiques de la liturgie juive, la lecture publique de la Torah constituait une partie du service synagogal en vigueur dès l’époque du Second Temple. Les sources ne permettent cependant pas d’en retracer le développement historique exact.

Si la tradition la fait remonter à l’époque de Moïse (« Il prit le livre de l’alliance et en fit lecture au peuple »  dans Exode 24 : 7), le commandement de rassembler le peuple à l’occasion de la septième année pour entendre la Loi est mentionné dans Deutéronome :

« A la fin de sept ans, au moment de l’année de la remise, à la fête des Tentes, quand tout Israël viendra voir la face du Seigneur ton Dieu au lieu qu’il aura choisi, tu liras cette Loi en face de tout Israël, qui l’écoutera. » (Deutéronome 31 : 10-13)

C’est la référence la plus ancienne à une lecture publique de la Torah.

Selon les sages, Moïse instaura cette pratique le Shabbat, les jours de fête et de nouvelle lune. Esdras l’institua en obligation pédagogique les lundis et jeudis, jours de marché, et le Shabbat après-midi, le peuple bénéficiant alors du loisir de l’étude.

Si ces indications ne sont pas historiquement certaines, elles renvoient en tous cas à une introduction fort ancienne de la coutume d’une lecture publique régulière.

Ainsi, cet usage est affirmé dans la première partie du 1er siècle de notre ère, dans la mesure où la Septante fut sans doute compilée pour être lue publiquement dans les synagogues.

On la retrouve encore confirmée dans les Actes des Apôtres où Jacques rappelle le caractère ancien et répandu de la lecture hebdomadaire de Moïse, c’est-à-dire du Pentateuque dans les synagogues :

« Depuis des générations en effet, Moïse dispose de prédicateurs dans chaque ville, puisqu’on le lit tous les sabbats dans les synagogues » (Jacques 15 : 21)

La première mention de la lecture systématique provient du Talmud babylonien (Meg 29b) et on y précise qu’en Palestine, la lecture s’effectue sur trois ans. L’ancienne division du Pentateuque en 155 ou 157 sedarim est basée sur ce cycle triennal.

A Babylone et en diaspora, le Pentateuque était divisé en 54 sedarim (cycle annuel). C’est ce modèle qui finit par être adopté de manière universelle, à quelques exceptions près.

Après la lecture de la Torah

Le fidèle de la synagogue rencontre toutes les semaines la parole prophétique depuis que les sages instituèrent la Haftara.

L’origine du mot Haftara peut être rattachée à trois racines hébraïques : S.L.K (s’écarter »dans le sens de « prendre congé »), dans la mesure où l’office du Shabbat matin se termine par la Haftara.

D’autres y voient la racine PTR (patour = acquittement), car par sa lecture, on était acquitté de son devoir religieux d’écouter la Torah.

D’autres enfin y trouvent la racine P.T.R (pétère = ouverture), car il est licite à ce moment-là d’ouvrir la bouche pour parler à son voisin, alors que cela est interdit, en tout cas théoriquement, pendant la lecture de la Torah.

En effet, l’origine de la Haftara remonte aux persécutions anti-juives décrétées par Antochius Epiphane en 165 av.J.C., qui interdisaient l’étude ou la lecture publique de la Torah.

Pour maintenir ce contact précieux avec la Parole écrite, les rabbins ont alors contourné cette interdiction en remplaçant chaque section hebdomadaire (paracha) par la lecture d’un texte prophétique qui allait contenir un sujet similaire à celui de la Torah.

On ne connaît pas historiquement à quelle époque le choix des haftarot correspondant à chaque Shabbat a été établi, et qui en est l’auteur. On sait seulement qu’une fois le décret aboli, la coutume ne fut pas abandonnée, les sages voulant préserver le message prophétique pour toutes les générations.

On en trouve la trace dans les Evangiles :

« Il entra suivant la coutume le jour de Shabbat dans la synagogue, et il se leva pour faire la lecture. On lui donna le livre du prophète Isaïe » (Luc, 4. 16)

Le principe que nous retrouvons dans les missels chrétiens, de composer le choix des lectures selon un même thème, pourrait découler de cette liturgie synagogale, basée sur la corrélation profonde entre paracha et haftara.

La longueur de la haftara était fixée au minimum à vingt et un versets ; aujourd’hui ce chiffre peut varier selon la tradition achkénaze ou séfarade.

Tous les livres prophétiques sont représentés au sein du cycle des haftarot des Shabbats et jours de fête, à l’exception de Nahum, Sophonie et Aggée.

Souvent, chez les juifs séfarades, le privilège de chanter la haftara peut être accordé à un mineur, par exemple au jeune garçon qui célèbre sa bar mitzva. La lecture se termine par un ensemble de bénédictions, dont la plus importante est celle qui exprime la foi en la vérité de l’Ecriture.

Ainsi, ensemble bien que chacun dans l’espace qui leur est propre, juifs et chrétiens construisent ensemble le Temple du temps sacré de la liturgie, fait de la prière, de l’étude et de la lecture de la Parole.

« Le temps est la présence de D.ieu dans le monde de l’espace, et c’est dans le domaine du temps que nous pouvons ressentir l’unité de tous les êtres » (Abraham Joshua Heschel Les bâtisseurs du temps – Editions de minuit 1957, page 203).

Dans notre démarche chrétienne pour la découverte de cette unité, nous suivons les divers documents de l’Eglise qui nous encouragent à faire connaissance avec l’identité de nos frères aînés dans la foi.

La plupart des chrétiens se retrouve bien en général dans la formulation ci-dessous donnée par le Concile Vatican II : « D.ieu, inspirateur et auteur des livres des deux Testaments, s’y est pris si sagement que le Nouveau Testament était caché dans l’Ancien et que l’Ancien devenait clair dans le Nouveau » (Dei Verbum, 16).

Néanmoins, en la relisant attentivement, il apparaît maintenant que cette déclaration n’accorde pas de valeur intrinsèque aux textes pourtant inspirés de l’Ancien Testament : il n’est pas interdit d’y déceler la survivance d’un Marcionisme pourtant officiellement condamné. Et, en tous cas, nos frères juifs ne peuvent en aucune façon souscrire à cette formule, y voyant encore l’habitude séculaire de la chrétienté de tout ramener à sa propre conception.

Depuis trente-six ans que ce texte fut rédigé, de nouvelles approches se sont produites. Aujourd’hui, après tout les efforts de construction commune de ce « Temple sacré du dialogue fraternel », à travers la prière, l’étude et les rencontres, ne serait-ce pas plutôt la formule inverse qui s’imposerait:

« L’Ancien Testament est caché dans le Nouveau et le Nouveau devient clair dans l’Ancien ! « 

Les deux en effet ne font qu’un, une seule Alliance, toujours Nouvelle et Éternelle !

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